Vote du projet d’acte pour l’intelligence artificielle en commission des affaires juridiques au Parlement Européen
6 septembre 2022

Accueil I #Travaux I Vote du projet d’acte pour l’intelligence artificielle en commission des affaires juridiques au Parlement Européen

Le projet de règlement sur l’Acte pour l’intelligence artificielle est de la compétence conjointe des commissions du Marché Intérieur (IMCO) et des Libertés Civiles (LIBE). La commission des Affaires Juridiques a cependant une « compétence exclusive » sur plusieurs articles clés. Cela signifie que les décisions prises relevant de ces articles dans son avis seront incontournables et figureront dans la position finale du Parlement européen. 

Après plusieurs reports liés à des divergences entre les groupes politiques concernant certains compromis (qui ont été légèrement revisités fin août) et la composition de la liste de vote, la commission des Affaires Juridiques a trouvé in extremis la semaine passée un accord et lundi 5 septembre, le projet de rapport sur l’Intelligence Artificielle a pu être voté. Le texte a été adopté par 17 voix contre 1.

Les eurodéputés ont soutenu l’ensemble des amendements de compromis relevant de sa compétence exclusive, et rejeté les amendements séparés, sauf le 450 déposé par Emmanuel Maurel (La Gauche) qui propose d’exclure du projet de règlement, les systèmes d’IA développés ou utilisés à des fins exclusivement militaires. Une majorité de membres de la commission Juri était en faveur de cet amendement auquel le rapporteur Axel Voss était opposé.

Il faut préciser que cet amendement n’entre pas dans les critères qui aurait permis de l’inclure dans la « compétence exclusive de Juri », qu’il sera l’un des grands points d’achoppement entre les deux commissions compétentes au fond (LIBE et IMCO) et qu’il a donc peu de chance de prospérer, d’autant que plusieurs députés qui s’y sont opposés en Juri, siègent également soit en Imco soit en Libé.

Un des compromis a retenu plus particulièrement l’attention des plateformes.  Il concerne les deepfakes (hypertrucage), cette technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle, permettant de superposer des fichiers vidéo ou audio existants sur d’autres fichiers vidéo ou audio. Ce système, qui peut être utilisé notamment pour créer des infox a été adopté pour pouvoir être déployé dans des contextes satiriques ou créatifs, avec une disposition spécifiant que son utilisation doit être signalée.

A noter enfin :  le rapport établit que le niveau de surveillance humaine des systèmes de l’IA à haut risque devrait être « proportionné » aux risques. Il précise en outre la mise en œuvre de mécanismes de plaintes et de recours pour les personnes impactées par les décisions en matière d’IA.

Il faut suivre maintenant avec attention les positions des deux commissions au fond pour avoir une idée plus précise de ce que pourra être le règlement dans sa forme définitive. 

Colette BOUCKAERT

Secrétaire générale iDFrights,
Membre du Comité Europe

 

Retrouvez plus d'articles sur : IA

Suivez-nous

Sur Linkedin

Plus d’articles

Une législation sur l’intégrité numérique est une urgence

Une législation sur l’intégrité numérique est une urgence

En finir avec la « contrainte numérique ». C’est dans ses termes que l’on peut résumer la dernière campagne citoyenne dans le Canton suisse de Zurich. Celle-ci a pour simple objectif d’intégrer, dans la Constitution cantonale, le droit à l’intégrité numérique comme droit fondamental supplémentaire à côté d’une protection de l’intégrité physique et mentale déjà présente.

lire plus
L’ «Opt-out*» et l’IA

L’ «Opt-out*» et l’IA

Depuis plus d’un an, à l’initiative de « OpenFuture», organisation dédiée à la promotion de l’innovation et des idées ouvertes dans divers domaines, et notamment la technologie, l’éducation et la durabilité, s’est tenu à Bruxelles, un « Forum informel ».

lire plus
M. Durov est rentré « chez lui »

M. Durov est rentré « chez lui »

iDFRights avait consacré sa première lettre mensuelle à l’affaire Durov et nous avions pris le contre-pied de nombreuses réactions internationales qui avaient enflammé les réseaux sociaux, sur fond d’inquiétude du respect des droits fondamentaux en France, mais aussi d’indignation et de condamnation de ce qui avait été présenté comme une dérive autoritaire du pouvoir.

lire plus