LE REGLEMENT DATA ACT : QUE SE PREPARE T’IL ?
La présidence Tchèque
Le parlement européen
Les points d’intérêt du rapport ITRE sont les suivants :
– Tout comme la Commission européenne, la rapporteure considère que les utilisateurs devraient avoir accès aux données qu’ils contribuent à produire et être en mesure de les partager. Cependant, elle insiste pour que la nouvelle réglementation évite « de créer de nouveaux coûts additionnels considérables et des incertitudes juridiques pour les entreprises »
– Elle conserve l’approche de la Commission européenne, à savoir l’obligation pour les entreprises détentrices de données de mettre ces dernières à la disposition de tiers sur demande des utilisateurs. Comme annoncé, elle souhaite ajouter toutefois une exemption pour les micros, petites et moyennes entreprises.
Commentaire de l’Institut
Cette demande d’exemption revient très régulièrement dans les projets de rapports et d’avis au Parlement européen. L’Institut est réticent face à ces dispositions. C’est ne pas tenir compte que les multinationales ont une grande faculté à s’essaimer en plus petites structures pour contourner la législation européenne. Par ailleurs, certaines micros, petites et moyennes entreprises peuvent tout à fait générer un grand nombre de données.
Le texte précise également le lien entre la proposition et le principe du secret des affaires. Selon la rapporteure, l’obligation de partage des données devrait principalement couvrir les données brutes ou celles qui ont fait l’objet d’un traitement simple. Les métadonnées devraient également être concernées. A contrario, « les données, qui ont fait l’objet d’un traitement sophistiqué, devraient être exclues afin de ne pas entraver les investissements antérieurs et respecter les droits de propriété intellectuelle et les secrets commerciaux ». Idem pour les données résultant de l’utilisation d’un produit ou d’un service connexe dans le cadre de tests de produits qui n’ont pas été mis sur le marché.
Pilar del Castillo ne rejette pas en bloc l’idée de permettre aux entités publiques d’accéder gratuitement aux données privées en cas de « circonstances exceptionnelles » mais elle demande de préciser ces situations. Une démarche qui fait écho à la position du Conseil. Pour la rapporteure, l’objectif devrait être de répondre à une urgence publique, « comme une urgence de santé publique ou d’une catastrophe naturelle majeure », ou de prévenir une urgence publique « imminente ». Selon elle, les autres cas devraient donner lieu à une rémunération équitable couvrant, « au minimum », les coûts de traitement et de partage des données demandées.
Il sera très utile de s’assurer au cours de l’élaboration du texte que le Data Act reste bien compatible avec le Data Governance Act.
La rapporteure introduit également des garde-fous afin d’éviter des demandes multiples à un même détenteur de données et prévoit que la Commission soit informée dans les vingt-quatre heures suivant une demande justifiée par un besoin exceptionnel.
Le rapporteur pour avis de la commission du marché intérieur (IMCO), Adam Bielan (CRE) vient de publier son rapport. Il souhaite la suppression de l’obligation faite aux fournisseurs de cloud de maintenir « une équivalence fonctionnelle ».
Commentaire de l’Institut
L’Institut suivra l’évolution de cette proposition de la Commission car elle avait un intérêt essentiel pour les utilisateurs qui doivent pouvoir bénéficier lors d’un changement de fournisseur d’un service de même qualité que celui qu’il vienne de quitter.
Le rapporteur préconise également que le préavis de trente jours pour résilier un contrat auprès d’un fournisseur de service puisse être adapté et que ce dernier puisse proposer contractuellement à ses clients une période de préavis modulable.
Contrairement à la position de la Commission et du Conseil, le rapporteur suggère de ne pas faire peser des obligations sur le nouveau fournisseur de service (article 24a) au moment du changement et notamment celle concernant la portabilité des données.
Monsieur Biélan dans son projet de texte propose également de préciser la notion de « détenteur de données » qui est un sujet qui a fait l’objet de nombreuses controverses en excluant « les entités qui se contentent de fournir des ressources de stockage ou de calcul aux tiers
La Commission des affaires juridiques du Parlement européen (JURI) a quant à elle obtenu après de longues tractions internes d’émettre un avis sur le rapport mais uniquement sur les questions relevant de ses compétences exclusives. Elle sera donc associée également aux travaux parlementaires sur le Data Act.
Le rapporteur pour avis, Iban Garcia del Blanco (S&D – ES) a insisté sur le fait qu’il entendait mettre l’accent sur la protection du secret des affaires. La Commission de son côté a bien averti qu’il n’était pas question de revenir sur cette Directive, mais elle a reconnu qu’il fallait veiller à éviter la faille juridique alors que le secret des affaires peut-être invoqué unilatéralement par une entreprise. Monsieur Del Bianco a également indiqué que les travaux futurs porteraient également sur la responsabilité des acteurs et le modèle de gouvernance en tenant compte de la taille des acteurs concernés. Les échanges de données avec les gouvernements feront aussi partie des discussions. Le vote en Juri est prévu pour Janvier 2023
Prochaines étapes pour la commission ITRE
- 26 octobre : premier échange de vues
- 28 octobre : date limite pour le dépôt des amendements
- Février 2023 : vote en commission
- Mars : Vote en plénière (à confirmer)
Jean-Marie Cavada
Président de l’iDFRights
Colette Bouckaert
Secrétaire générale de l’iDFRights