Les très opportunes réactions internationales dans l’affaire Durov
14 octobre 2024
Par Thomas Kieffer
Vice-président d’IDFRights

L’arrestation de Pavel Durov est pour toute rédaction d’un média en France l’occasion inespérée de passer du principal sujet qui peut faire l’actualité en août, la météo, à une affaire qui peut faire date dans l’histoire – en suscitant un intérêt planétaire ce qui est le cas du PDG de Telegram. 

Il faut savoir choisir son moment et celui de l’affaire Durov du 24 au 28 août – il est mis en examen avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques de Paris -, n’aurait pas pu mieux tomber pour faire la une des médias. L’arrestation -surprise mais bien préparée- du PDG Franco-russe -entre autres nationalités- de la messagerie Telegram -qui, plus qu’une app, est une multinationale du numérique dubaïote à la réussite insolente- pouvait difficilement ne pas faire l’événement, tant il n’y en eut pas d’autre pour l’éclipser. 

L’intérêt tient aussi au mystère et au secret que Durov cultive sur sa vie privée. Personnage de roman, -impétueux, sulfureux, libertaire et multimilliardaire-, dont la vie à 40 ans est déjà plus remplie qu’un script de film, la moindre évocation de son nom est un événement en soi, qui n’échappe pas à Telegram et à ceux de ses utilisateurs qui vouent un culte à son PDG. Ils sont quelques millions à voir en lui le gardien qui protège Telegram, qu’ils ont élevé au rang de sanctuaire sacré de la Liberté ! Et si les autorités françaises s’apprêtent à le profaner en s’en prenant à son gardien, ce sera l’effet d’une bombe – sur Telegram et dans tous les médias.

Dès l’interpellation de Durov, les médias traditionnels lancent la machine bien rodée de la couverture « en direct » et « en continu » d’un événement exceptionnel, dans le sillon des médias sociaux, plus rapides et réactifs pour révéler les grandes tendances ou signaux faibles dans l’opinion publique.

L’affaire Durov s’inscrit dans la grande lignée de toutes celles qui ont fait le succès des chroniques judiciaires, aussi captivantes intellectuellement qu’inintéressantes visuellement. 

Elle ne déroge pas à la règle, l’arrestation se réduisant à des images d’archive du PDG de Telegram, de plans larges de l’aéroport du Bourget de nuit, suivis d’un plan fixe de voitures de police -sirène hurlante et gyrophare bleu- fonçant à très vive allure vers un immeuble de bureaux, dernier plan banal d’une séquence qui s’achève à l’Office national anti-fraude, où Pavel Durov est placé en garde à vue pour une durée de 24h – qui pouvait être prolongée ou abrégée. 

Pour les médias, la garde à vue n’est pas sans rappeler le purgatoire au sens figuré, « un lieu ou temps d’épreuve, d’expiation », puisqu’on ne savait pas combien de temps elle allait durer et que rien n’en filtra avant son issue. Or, sur le fond de l’affaire, on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’un samedi soir à 20h en France, on n’en saura pas plus – et ne parlons pas de dimanche ! Le ministère de l’Intérieur français fit quand-même savoir que « cette arrestation est le résultat d’une enquête approfondie menée en collaboration avec plusieurs agences européennes », concernant de potentielles violations de la réglementation financière européenne.

Durov est accusé de ne pas avoir respecté certaines obligations de transparence en matière de transactions financières sur sa plateforme. Son interrogatoire devait déterminer si des accusations formelles seraient portées, des preuves supplémentaires étant examinées durant son interrogatoire. 

Le ministère oriente ainsi l’attention sur des questions financières, qui resteront au second plan des réactions internationales qui se focaliseront sur la liberté d’expression et la censure.

Lorsqu’il ne se passe rien en pleine affaire, les médias ont développé une mécanique très efficace d’écriture de scénarios en examinant des faits connus, qui forment un socle à partir duquel journalistes, experts et leaders d’opinion vont reconstituer des récits, anecdotes, enjeux et leçons d’une histoire que les médias feront revivre à grand renfort de débats, témoignages, enquêtes, et recoupements, qui finissent par noyer les faits connus dans le vaste océan des éléments de contexte et d’information. 

Ces séquences prennent donc rapidement le relai d’une garde à vue qui n’offre rien de nouveau à dire ou écrire, l’actualité étant progressivement écrasée par les suppositions, hypothèses, théories et autres projections qui sont alimentées par les médias sociaux et l’angle de la liberté d’expression. Ils donnent à l’affaire une toute autre dimension : celle, illimitée, qui fait appel à un imaginaire qui parle à chacun, en tant qu’individu, et à tous, en tant que société. Ce transfert de la réalité vers la fiction, du direct au perpétuel, est favorisé par les émissions de débats et chaînes d’information en continue, qui disposent avec les médias sociaux d’un réservoir quasi inépuisable de questions et de réactions pour tenir l’antenne et entretenir un dialogue avec les médias sociaux autour de ce qui se passe et de ce qui pourrait arriver.

Avec l’arrestation de Pavel Durov, les médias sociaux vont s’enflammer dès le dimanche, les réactions internationales étant le moteur de ce pic de communications. Dans le détail, ces réactions internationales sont très intéressantes puisqu’elles montrent comment la popularité du messager donne à son opinion une avance dans sa diffusion que ne peut rattraper l’opinion émise par des challengers moins populaires et ce sans que la qualité du contenu ou l’intérêt de l’opinion ne relativise son importance, sa visibilité ou son influence sur un sujet. En d’autres termes, si Taylor Swift prenait position sur la sureté nucléaire, son avis aurait automatiquement plus de poids et d’impact que celui de l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui n’a pas autant d’abonnés qui la suivent que Taylor Swift. 

Au départ, nous étions trois

C’est exactement le nombre de messagers à l’origine de la vague de réactions internationales dont les médias vont se faire l’écho dans leur couverture et analyse de l’affaire Durov. 

Premier à dégainer, pour des raisons aussi bien politiques que commerciales depuis qu’il est le propriétaire du réseau X dont il n’a jamais caché l’impératif de rentabilité, Elon Musk lance dans la nuit du samedi au dimanche l’hashtag #FreePavel, qui va rencontrer un immense et immédiat succès. Cet hashtag va donner aux messages qui le reprennent une visibilité plus forte sur le réseau X. Quand les Européens se réveillent le dimanche matin, le premier et très habile message de Musk est déjà devenu « viral ». Il publie simplement « Liberté. Liberté ! Liberté ? » en français, affichant sans l’exprimer son soutien à Durov. 

Ce message va à lui seul mobiliser une grande partie de ce que les médias vont qualifier de vague de soutiens en provenance du monde entier. Elon Musk publiera un autre message mettant en garde contre les « temps dangereux » pour les dirigeants de la « tech », lequel contribuera à lier l’arrestation du PDG de Telegram à la régulation des plateformes numériques.

C’est Edward Snowden, l’ancien agent de la NSA, qui va servir d’accélérateur à cette inquiétude, qui va gagner des millions d’utilisateurs de médias sociaux. Il sera le premier à qualifier l’arrestation de Durov « d’attaque contre les droits humains fondamentaux de la liberté d’expression et d’association », non sur la base des faits mais de sa seule opinion.

Enfin, Chris Pavlovski, PDG de la plateforme Rumble, va en quelque sorte concrétiser la menace qui se serait abattue sur la France et en l’Europe en faisant savoir le dimanche qu’il a « fui l’Europe » suite à cette arrestation, accusant la France d’avoir « franchi une ligne rouge en arrêtant le PDG de Telegram pour ne pas avoir censuré les discours. » Cette déclaration, dont on ne peut exclure qu’elle ait autant servi de publicité à Rumble que de soutien à Pavel Durov, va être reprise par d’innombrables médias malgré l’inexactitude du motif d’arrestation invoqué de manière très simpliste : loin de décrédibiliser la fuite de Chris Pavloski et son opinion, la formule va être reprise par de nombreux médias et propulser son auteur dans de nombreuses discussions ! C’est un exemple du pouvoir de la vulgarisation d’un sujet : le simplisme dans les médias sociaux est une forme de dopage très efficace et autorisée, quitte à améliorer les performances allant de « l’à peu près » au « très grossier » par rapport à celles visant la précision et l’exactitude. 

Loin de surfer sur cette vague de réactions internationales, Telegram, sur son propre canal, attendra le dimanche soir (24h après l’arrestation du PDG)  et la prolongation de la garde à vue de son patron pour assurer qu’il « n’a rien à cacher et (il) voyage fréquemment en Europe », ajoutant que « Telegram se conforme aux lois de l’UE, y compris le Règlement sur les services numériques, son action de modération est dans la norme du secteur » et qu’il est « absurde de dire qu’une plateforme ou son patron sont responsables des abus ».

Il est notable qu’aucune réaction officielle de plateformes de messagerie concurrentes comme WhatsApp, Signal ou autres ne se soit ajoutée à ces 3 positions qui seront pourtant prises comme représentatives des entreprises du numérique, dont aucun des géants n’a pourtant exprimé de position. 

Des réactions politiques biaisées 

Les médias russes ont vivement réagi, accusant la France de comportements liberticides et couvrant abondamment une manifestation de soutien à Durov et Telegram devant l’ambassade de France à Moscou. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, avertira que ces poursuites contre un « citoyen russe » ne doivent pas « se transformer en persécution politique ». Cette déclaration, prophétique alors que Durov est simplement placé en garde à vue, va populariser l’image qu’il est derrière les barreaux – quand bien-même sa garde à vue se déroule dans des bureaux tout ce qu’il y a de plus ordinaire. 

Dans une autre intervention très relayée par les médias sociaux, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, critiquera ce qu’elle perçoit comme un « deux poids, deux mesures » de la part des pays occidentaux. Rappelant que de nombreuses ONG internationales avaient condamné en 2018 la décision d’un tribunal russe de bloquer Telegram, décision jamais totalement mise en application, elle poste sur sa page Telegram cette interrogation : « Pensez-vous que, cette fois-ci, elles en appelleront, exigeront la libération de Durov, ou qu’elles se tairont ? »

 Il est évident que ces propos et leur intention politique ont contribué à véhiculer une perception erronée de l’arrestation de Pavel Durov. Il n’aura fallu que deux réactions pour déclencher l’avalanche de toutes celles qui suivront. 

Elles seront moins relayées en Europe et aux Etats-Unis, où les médias notent l’ironie des critiques russes sur la liberté d’expression, étant donné le passé des autorités en matière de censure et de répression des médias. La position du Kremlin est perçue comme hypocrite par certains observateurs occidentaux, sans que ce point de vue ne fasse davantage consensus que celui du pouvoir russe. L’arrestation a été entourée de désinformation, notamment par des comptes liés à la propagande russe en France. Des groupes de hackers, principalement pro-russes, revendiqueront aussi des attaques par déni de service (DDoS) contre plusieurs sites français en soutien à Durov. 

Aux Etats-Unis, c’est la réaction sur X et sur « l’urgence de protéger la liberté d’expression » de Robert F. Kennedy Jr, ancien candidat à la présidentielle américaine qui sera souvent reprise dans les médias pour montrer que la classe politique américaine participe à la vague de réactions internationales. Cette réaction n’est pourtant ni représentative de l’administration démocrate au pouvoir – qui n’a pas communiqué sur l’affaire – ni des réactions politiques aux Etats-Unis qui sont majoritairement liées au parti républicain et à ses militants, eux aussi inspirés dans leurs positions par celles d’Elon Musk. 

Son soutien affiché au candidat à l’élection présidentielle de novembre, Donald Trump, explique logiquement pourquoi Elon Musk est devenu un leader d’opinion pour les cercles pro-républicains. Dans ces messages, l’arrestation de Durov sert d’abord à dénoncer l’incapacité de l’administration Biden et des élus démocrates à défendre les valeurs américaines de liberté d’expression du Premier Amendement : les fils d’échanges ramènent ainsi le débat au niveau national, dans le cadre de la campagne électorale qui anime les réseaux sociaux américains. Les réactions de l’animateur Tucker Carlson, qui a eu l’opportunité de faire une longue interview vidéo de Pavel Durov en avril, sont emblématiques de ce mélange des genres lorsqu’il affirme que « L’arrestation du PDG de Telegram, Pavel Durov, en France ainsi que l’encouragement de l’administration américaine à cette arrestation, portent la marque de la dictature ».

Les réactions côté démocrate seront plus mesurées et souvent en réponse aux attaques contre l’administration Biden, la polarisation de l’opinion publique américaine se reflétant dans ces échanges comme pour tous ceux qui se rattachent à la campagne électorale et à ses deux camps. 

Si ces échanges participent en volume au pic d’activités mesuré dès le dimanche sur les réseaux sociaux, ce volume ne traduit pas au fond une mobilisation et un intérêt direct pour Telegram ou son PDG ni une prise de position par rapport aux enjeux liés à son arrestation. Ils démontrent un indéniable soutien à la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, qui pour les citoyens américains est sanctuarisée par le 1er Amendement loin devant Telegram.

Enfin, plusieurs articles et réactions se font l’écho des propos tenus par Ravina Shamdasani, porte-parole de l’ONU à Genève, intervenant dans un point presse du Haut-commissariat aux droits de l’homme au cours duquel elle relève que cette affaire « soulève de nombreuses questions en matière de droits de l’homme » et indique que le Haut-commissariat envisage de produire un document qui « établira les paramètres dans le cadre desquels ce genre de situation doit être considérée. » Ces deux phrases suffiront à étayer une réaction attribuée à l’ONU, souvent reprise comme condamnant l’initiative française ou dénonçant le vrai visage -autoritaire ou liberticide- de la France et de l’Europe. Sans que cette information ait été confirmée par aucun organe des Nations-Unies, elle sera rapidement reprise -et réinterprétée au besoin- comme une position officielle de l’ONU, dont l’hashtag a été très utilisé sur la base de cette seule déclaration que l’on peut rapporter à l’affaire Durov. Bien que non représentative d’une quelconque prise de position de l’Organisation, elle en aura fait fonction et contribué à la visibilité de ces messages. 

Bien que les réactions officielles soient restées rares et n’aient pas  représenté  un large consensus international, les critiques provenant principalement de quelques figures publiques et politiques spécifiques, Emmanuel Macron réagira le lundi suivant l’arrestation sur X pour affirmer qu’elle n’était « en rien une décision politique » mais relevait d’une enquête judiciaire. Il rappellera également que la France est « attachée à la liberté d’expression et de communication », tout en soulignant la nécessité pour les plateformes de coopérer avec les autorités dans la lutte contre les contenus criminels. Cependant, cette déclaration n’aura pas suffi à apaiser les tensions et les inquiétudes concernant les possibles répercussions de cette arrestation sur la réputation de la France en tant que défenseurs des droits numériques et de la liberté d’expression. 

La Commission européenne recadre la portée juridique de l’affaire

Dans un de ses points presse officiels, la Commission européenne a fait savoir que l’affaire Durov relèvait de la seule compétence nationale française. Le porte-parole de la Commission a déclaré aux journalistes que son arrestation « n’a rien à voir avec les obligations de l’entreprise en vertu de la Loi sur les services numériques (DSA) de l’UE », soulignant que « les poursuites pénales ne font pas partie des sanctions potentielles en cas de violation de la loi sur les services numériques » et que le DSA « ne définit pas ce qui est illégal et n’établit pas non plus d’infraction pénale ». En d’autres termes, l’affaire relève bien de la justice française. 

Cette déclaration contredit l’opinion majoritaire dans les médias, qui voient en l’affaire une conséquence de la mise en oeuvre des politiques et règlementations européennes imposant des obligations de modération des contenus. 

La position très claire exprimée par la Commission européenne est rectificative des erreurs d’interprétation du droit européen dans l’affaire et de son application ramenée aux faits : elle intervient dès le lundi mais trop tard pour rééquilibrer des positions sur les menaces contre la liberté d’expression devenues virales sous l’effet multiplicateur des algorithmes, dont les paramétrages ne laissent aucune chance à une position de la Commission européenne contredisant une opinion devenue majoritaire de rattraper son retard dans la dissémination de celle-ci afin de pouvoir effectivement la contrebalancer.  

Si la mécanique des médias sociaux permet aisément de comprendre pourquoi la Commission européenne est moins populaire qu’Elon Musk, le faible impact des déclarations 

de l’Institution dans les positions reprises par les médias est plus préoccupant et révélateur de la difficulté que rencontre une parole officielle, relayant une information vérifiée, pour se faire entendre et s’élever au-dessus du bruit des médias sociaux. 

Ce bruit étouffera aussi la parole de l’Autorité belge de régulation des télécommunications (IBPT), chargée de superviser la conformité avec le DSA de Telegram (qui a choisi la Belgique pour sa représentation légale dans l’UE). Précisant qu’elle « n’est ni une autorité policière ni une autorité judiciaire et n’a donc pas été impliquée dans l’enquête criminelle menée par les autorités françaises », l’Autorité confirme la position exprimée par la Commission européenne, ce qui contribuera à nuancer les positions et analyses reprises dans les médias belges.

Ce n’est qu’avec la fin de sa garde de vue que retombera l’emballement médiatique suscité par l’arrestation surprise de Pavel Durov, mis en examen et remis en liberté sous un contrôle judiciaire strict, incluant une caution de 5 millions d’euros et l’interdiction de quitter la France. Telegram a depuis commencé à coopérer avec la justice française, ce qui pourrait être perçu comme un progrès dans la résolution de certains des problèmes légaux qui ont motivé l’arrestation : cependant, ces nouveaux développements n’ont pas été largement commentés par d’autres plateformes de messagerie ou acteurs majeurs du secteur numérique. 

Quant aux médias, ils enchaineront avec les Jeux Paralympiques de Paris 2024 et une nouvelle vague de réactions internationales, moins polémique et plus spontanée que celle suscitée par l’arrestation de Pavel Durov qui a dû, lui aussi, se réjouir de l’engouement pour les Jeux ! Il lui a permis de sortir de l’œil du cyclone médiatique à la même vitesse qu’il ne s’était abattu sur lui, aucune vague de réactions internationales n’ayant salué sa remise en liberté !

Thomas Kieffer
Vice-président d’IDFRights 

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