En contradiction apparente avec la volonté de l’Europe de réguler le numérique et les pratiques des géants américains, la Commission européenne balaye les critiques à l’égard de l’arrivée de sa nouvelle chef économiste à la direction de la concurrence.
Avec les règlements DMA (Digital Markets Act) et DSA (Digital Services Act), mais aussi le Data Act, l’Europe se dote de dispositifs destinés à contrecarrer la domination des géants américains du numérique, les Gafams.
La régulation du secteur passe par l’adoption de textes, ainsi que par leur application par la direction générale de la concurrence de la Commission européenne. Or celle-ci vient de confirmer une nomination qui fait polémique au sein des institutions et parmi les Etats membres.
Une alliée pour « les cow-boys » de la tech ?
L’Américaine Fiona Scott Morton devrait en effet prendre le poste de cheffe économiste à la concurrence. Sa candidature a été approuvée par le Collège des Commissaires. Et malgré les protestations, l’exécutif européen n’entend pas reconsidérer sa décision.
Son arrivée à un poste aussi sensible n’est pourtant pas une évidence compte tenu de son parcours en tant que consultante auprès des géants technologiques. Pour les opposants à cette nomination, le conflit d’intérêt est flagrant.
« Qui oblige les cow-boys des grands monopoles tech à respecter nos lois. Et qui sera à la manœuvre pour élaborer des principes dans cette DG ? Fiona Scott Morton », épingle l’ancien eurodéputé et journaliste Jean-Marie Cavada sur Twitter.
« Le conflit est si évident qu’il faut se poser une autre question : pourquoi cette nomination ? », interroge-t-il. De son côté, le Medef se montre moins sensible au parcours de consultante de l’économiste. Pour l’organisation patronale, son passage au « department of Justice américain à la division antitrust » s’avère plus problématique encore.