Les news qui ont fait l’actu
Dans le cadre du partenariat entre l’IDFRights et SKEMA Business School, voici un aperçu de notre actualité vue par des étudiants du Master de management & droit des affaires de Skema.
Semaine du 23 octobre au 01 novembre 2021
Rédigée par Lyes Bendou, Alexandre Cusanno, Mathilde de Biasi, Léa Dupont, Vincent Kerharou, Louis Poulain, Emmy Paret, Manon Roy, Oriane Serrot , Alexis Spagnolo, Emma Walter, Mélanie Welisarage, étudiants de Master 1 Management & Droit des affaires SKEMA/ULCO, sous la direction de Mme Isabelle Bufflier et M. Frédéric Munier, professeurs SKEMA BS
Lyes Bendou
Alexandre Cusanno
Mathilde De Biasi
Léa Dupont
Vincent Kerharou
Louis Poulain
Emmy Paret
Manon Roy
Oriane Serrot
Alexis Spagnolo
Emma Walter
Mélanie Welisarage
Mots de passe : une consultation publique sur la nouvelle recommandation de la CNIL
L’opération DarkHunTOR : une des plus grosses opérations au cœur du Dark Web
1,5 milliards d’euros investis dans des projets innovants axés sur les technologies propres
L’eNaira : la monnaie numérique du Nigeria
Stations-services iraniennes bloquées, conséquence d’une cyberguerre entre pays étrangers
Audience d’appel d’extradition de Julian Assange vers les États-Unis
WeWard l’appli qui rémunère l’activité en ligne…et les données personnelles :
Avec plus de 2,6 millions d’utilisateurs, cette application très populaire en France rémunère les internautes, certes faiblement, en fonction de leurs nombres de pas ou de leur activité physique. Ainsi, pour 10 000 pas par jour, l’internaute touche 20 centimes. En réalité, l’appli rémunère indirectement les données personnelles des internautes, qu’elle stocke, « sans les revendre » ; elle se contentera de leur indiquer des commerces avec qui elle est partenaire…
Pourquoi cette actu : Les applications permettant aux internautes d’être rémunérés se multiplient et la question de la patrimonialisation de leurs données personnelles pose problème. En effet, la conception européenne et nationale des données personnelles, au travers du RGPD, sacralise ces données comme attachées à la personne humaine. Sous le couvert de telles applications qui semblent, au départ, bénéfiques peuvent se cacher une captation de données personnelles, potentiellement préjudiciables aux utilisateurs comme dans l’affaire Cambridge Analytica. Cet exemple montre, une fois encore, combien nos sociétés ont tendance à considérer que toute donnée attachée à un être humain peut être monnayable. Cela nous questionne.
Suspension des comptes sur les réseaux sociaux du président brésilien
Logiciel espion Pegasus et enquête en Inde
Focus de la semaine
Faille du système de création de QR code : de faux pass sanitaires générés en Europe
Le réseau européen E-Health-santé publique a été contraint, cette semaine, de bloquer deux certificats sanitaires frauduleux créés aux noms de Bob L’éponge et d’Adolf Hitler.
Le porte-parole de la Commission Européenne s’est exprimé sur le sujet de ces faux passes sanitaires après que plusieurs personnes ont déclaré sur les réseaux sociaux être en possession de clés cryptographiques permettant de générer un QR code valide du pass sanitaire européen.
Une enquête menée par le site Numerama a notamment pu vérifier que des certificats numériques européens valides avaient été générés via une clé publique depuis la Macédoine, pays non européen mais appartenant au réseau de santé concerné.
Cette affaire pose donc la question d’une politique européenne de sécurité du système de création et de protection de QR codes dans le cadre des certificats numériques européens. Rappelons que cet incident n’est pas le premier du genre puisqu’en septembre dernier, les passes sanitaires d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe avaient été publiés et utilisés frauduleusement.
Pourquoi ce focus : nous avons choisi ce sujet car ce thème rejoint celui d’un article sur la souveraineté numérique européenne que nous allons rédiger dans le cadre de notre formation. Cet exemple montre qu’en matière de sécurité des données numériques, tous les États ne sont pas forcément logés à la même enseigne. Nous pensons qu’il est intéressant de soulever la question d’une politique européenne commune de gestion et de sécurisation des données, notamment en ce qui concerne les passes sanitaires délivrant un QR code valides dans tous les pays membres de l’Union Européenne. Car c’est bien la santé de l’ensemble des Européens qui est menacée en cas de faille…
Le point de vue étudiant
Frances Haugen et les « Facebook Files » : le témoin d’une éthique des affaires en berne à l’ère où les géants de la Big Tech prospèrent ?
A l’heure où l’éthique des affaires apparaît comme une nécessité pour toute entreprise ayant le désir de prospérer dans un monde en constante évolution, de nouvelles révélations concernant un des géants de la Big Tech semble démontrer que cette éthique paraît être en berne chez certains dirigeants. Facebook est en effet dans la tourmente. Une ancienne employée de l’entreprise a transmis à la presse et aux parlementaires américains des milliers de documents internes de la société, mettant à jour certaines pratiques très contestables du réseau social et de ceux qu’il pilote. Comment cette affaire a-t-elle éclatée et comment l’entreprise y fait face ?
A l’origine de ces révélations, on retrouve France Haugen, ingénieure en informatique, diplômée d’un MBA de Harvard, spécialiste des « classements algorithmes ». Elle a travaillé auparavant dans de nombreuses entreprises de la Silicon Valley comme Google Search, Yep et Pinterest avant de rejoindre le groupe Facebook au service Civic integrity, en charge de lutter contre les fake news et la haine en ligne. Ce service sera démantelé par Facebook fin 2020, ce qui participera à la volonté de Frances Haugen de dénoncer les pratiques de Facebook auxquelles elle a été confrontée. Lorsqu’elle décide de quitter Facebook en mai dernier, elle emporte avec elle de nombreux documents qu’elle décide de publier selon un plan savamment orchestré. Son but : alerter sur le manque de sécurité du réseau social notamment pour les adolescents sur Instagram et l’incitation aux propos haineux que Facebook induit.
Et pour se faire, Frances Haugen semble avoir préparé minutieusement son plan de communication.
Elle commence à l’été 2021 par transmettre des informations et des documents au Wall street journal qui sortira dès septembre plusieurs enquêtes au travers des « Facebook files » , puis donne peu après une interview d’une heure à CBS news et fait fuiter une partie des documents progressivement auprès d’un consortium de journalistes. Le 5 octobre suivant, elle se présente devant la commission américaine sénatoriale, après lui avoir transmis de nombreux documents, et elle réclame la protection accordée aux lanceurs d’alerte. Elle y tient un discours offensif : « Quand nous avons compris les dégâts du tabac, le gouvernement est intervenu (…), je vous supplie de faire la même chose ici ». Ce qu’elle dénonce comme un nouveau trafic mortifère, c’est l’entreprise Facebook et ses rouages.
Elle ne s’arrête pas là puisqu’elle a déjà entamé une tournée européenne : le 25 octobre devant le Parlement britannique, le 1er novembre au Web Summit à Lisbonne, et le 8 novembre elle sera devant le Parlement Européen, le 10 novembre devant les députés français.
Frances Haugen semble très courageuse mais ne craint-elle pas la riposte de Mark Zuckerberg, l’emblématique dirigeant de Facebook ? Tout d’abord, Frances Haugen ne se bat pas seule. Elle a démissionné donc ne craint pas un licenciement. De plus, elle est soutenue financièrement pour tous ces déplacements par Luminate, l’organisation philanthropique fondée par Pierre Omidyar, le milliardaire franco-américain qui a créé le site eBay et aidé d’autres lanceurs d’alerte et journalistes. Aux Etats-Unis, elle est représentée par un ancien porte-parole de Barack Obama, Bill Burton, qui travaille aussi pour l’ONG Center for Humane technology, enfin elle est assistée juridiquement par l’ONG Whistleblower Aid.
Financièrement, Frances Haugen semble à l’abri du besoin puisque le New York Times en octobre, précisait qu’elle avait effectué des investissements appropriés dans les cryptomonnaies et avait déménagé à Puerto Rico, notamment pour se rapprocher « d’amis » impliqués dans ce secteur financier. Cela pourrait donc expliquer pourquoi cette dernière se permet de s’impliquer aussi facilement, au risque de se décrédibiliser auprès de ses futurs employeurs.
Mark Zuckerberg a très peu réagi aux interventions de Frances Haugen, se contentant de dénier ses propos, mais sans grande précision. Aucune poursuite pour vol ou diffamation n’a semble-t-il été encore entamée comme cela a pu être le cas contre Edward Swoden, Chelsea Manning ou Julian Assange. Facebook a préféré riposter autrement : dès le 28 octobre lors de l’événement Facebook Connect 2021, Mark Zuckerberg annonçait le changement de nom de Facebook en « Meta », en référence au métaverse, nouveau concept de monde virtuel que l’entreprise souhaite développer. Pour autant, face à ce « coup de communication » de Facebook dans l’espoir de faire oublier les « Facebook Files », France Haugen a été encore plus loin, en annonçant à son tour, lors du Web Summit de Lisbonne le 1er novembre 2021, que « Facebook sera plus fort avec quelqu’un qui est prêt à se concentrer sur la sécurité » et en proposant que Marc Zuckerberg démissionne.
Entremêlées de courage, d’audace mais aussi de prise de risque et voire d’une certaine forme de prise de pouvoir, les interventions de Frances Haugen seront à suivre de très près afin de voir si elles se traduisent pour une prise de conscience généralisée sur le rôle que les réseaux sociaux doivent tenir dans la société de demain.
Natascha Barbosa, étudiante en M2 DDA, 23 ans, sous la direction d’Isabelle Bufflier et de Frédéric Munier