Les news qui ont fait l’actu

Dans le cadre du partenariat entre l’IDFRights et SKEMA Business School, voici un aperçu de notre actualité vue par des étudiants du Master de management & droit des affaires de Skema.

Semaine du 26 au 06 mars 2022

Par les étudiants de M2 de droit des affaires SKEMA/ULCO et les étudiants de Licence 3 Economie/Gestion du groupe Consilience de SKEMA Business School Sarah Ben Bouazza, Solal Boulanger, Arthur Clavier, Lucas Cosset, Loris Couvreur, Arthur Derderian, Cassandre Hodeau, Camille Kurth, Soez Jarrousse  Léonard Marx, Taous Rabahi, Mathilde Sauret, encadrés par les professeurs Isabelle Bufflier et Frédéric Munier :

Sarah Ben Bouazza

Sarah Ben Bouazza

Solal Boullanger

Solal Boullanger

Arthur Clavier

Arthur Clavier

Lucas Cosset

Lucas Cosset

Loris Couvreur

Loris Couvreur

Arthur Derderian

Arthur Derderian

Cassandre Hodeau

Cassandre Hodeau

Soez Jarrousse

Soez Jarrousse

Camille Kurth

Camille Kurth

Léonard Marx

Léonard Marx

Mathilde Sauret

Mathilde Sauret

Taous Rabahi

Taous Rabahi

Les femmes, grandes perdantes de l'année record de la French Tech ?

2021 a été une année record pour les levées de fonds des start-up de la French Tech (11,56 milliards d’euros)… mais au masculin ! En effet, les équipes 100% masculines ont levé 4 millions d’euros de plus que les équipes mixtes. Cet écart s’explique majoritairement par l’absence de femmes sur les levées supérieures à 50 millions d’euros. En ce qui concerne les premières levées, les équipes mixtes trouvent rapidement des financements, mais sur la longue durée les inégalités se creusent, et une fondatrice doit souvent s’associer à un homme si elle veut lever plus de fonds.

Pourquoi cette actu :
Cette actualité souligne le fait que dans l’économie numérique, les inégalités de genre sont très présentes et cela pour trois raisons. D’une part, à l’exception de Vestiaire Collective, toutes les licornes françaises ont été fondées par des hommes. En outre, la part des fondatrices de start-up, même si elle augmente, reste faible ; elle est passée de 5 à 8% de 2019 à 2021. Et 16% seulement des équipes fondatrices sont mixtes. Il faudra attendre quelques années avant de voir les effets sur le tour de table… D’autre part, les investisseurs ont encore tendance à spontanément accorder davantage de confiances aux équipes masculines. Le capital-risque est un secteur très masculin où les logiques de réseau sont puissantes. Enfin, les femmes déclarent avoir plus d’appréhension à pitcher que les hommes. On le comprend, c’est toute une culture qui doit évoluer. Signe positif, le changement est déjà en marche : non seulement une nouvelle génération de femmes travaillant en investissement en capital-risque est en train d’émerger mais de plus en plus d’investisseurs signent la charte SISTA qui les engagent à financer des start-up fondées ou cofondées par des femmes

Noyb lance une nouvelle offensive contre les bannières de cookies non conformes

Cette semaine, le groupe européen de défense des données personnelles et de la vie privée, Noyb lance sa deuxième vague de plaintes relatives au consentement aux cookies, après une première vague de 560 plaintes déclenchée en mai 2021. Dans ses 270 plaintes, Noyb signale – via un logiciel automatisé – et accuse les opérateurs de sites web qui font apparaitre des bannières non conformes au RGPD. Ces plaintes enjoignent les entreprises à changer la conception de leurs pop-ups en abandonnant par exemple des « motifs sombres » qui incitent les consommateurs à accepter les cookies. Sans modification de ces bannières d’ici deux mois, Noyb déposera des plaintes formelles auprès des autorités des données de l’UE.

Pourquoi cette actu :
Dans le cadre de la lutte pour un recueil éclairé du consentement en matière de données personnelles et plus particulièrement au travers des cookies, cette actualité met en avant une initiative privée d’une association autrichienne, pilotée par l’avocat Max Schrems, qui dénonce systématiquement les bannières illégales. Et son influence est incontestable : 42% des violations détectées et dénoncées ont été corrigées et la simple menace d’une plainte à l’encontre du site incite ce dernier à modifier ou améliorer sa bannière de cookies. En France, cette idée s’inscrit dans le droit fil de la doctrine de la CNIL qui s’exprime dans la refondation des règles en matière de cookies. Elle est également en cohérence avec les nouvelles politiques de Apple ou de Google visant à éliminer tous les cookies tiers et à tester de nouvelles solutions. Cela montre une volonté certaine de répondre aux préoccupations des consommateurs en Europe de protéger leurs données personnelles, et leur vie privée, davantage que sur le continent américain. Alors qu’on le sait la bataille pour l’or noir que constitue les données personnelles est intense, et est au cœur du profiling des consommateurs, les actions comme celle de l’association Noyb, couplées à celles des autorités européennes et nationales de protection de données commencent à être prises en compte par les géants du numérique. Ces derniers cherchent ainsi des solutions pour continuer à traquer les consommateurs en dehors des cookies et peut-être aussi de solutions plus vertueuses, sans paralyser les campagnes publicitaires, menées par les marques, qui restent essentielles pour maintenir un ciblage précis et efficace.

Anania, une Intelligence Artificielle d’exploration des données des utilisateurs

Un nouvel outil d’analyse de données, dopé à l’IA, vient d’être lancé en version bêta, sous le nom d’Anania. Révolutionnaire pour certains, cet outil vise à simplifier la lecture et le traitement des données en les transformant en graphiques, tableaux ou en textes synthétisés. Il suffit d’importer ses données à partir d’un fichier Excel par exemple pour que le logiciel le traduise en tableaux et graphiques. Reposant sur une technique d’intelligence artificielle, ce nouvel outil permettrait de transformer les façons d’analyser et ainsi d’exploiter les données dans les domaines du marketing, de la finance et du e-commerce.

 

Pourquoi cette actu :
Les données clients des entreprises sont constamment analysées et récoltées afin d’enrichir leurs profils et connaître au mieux leurs besoins. Dans la plupart des cas, l’analyse de ces données multiples est complexe et chronophage, c’est pourquoi les innovations en matière de gestion de données se multiplient. Elles font de plus en plus appel à l’Intelligence artificielle qui nécessite néanmoins d’accumuler énormément de données. Si la plupart des entreprises marchandes utilisent d’ores et déjà l’IA, Anania semble présenter des avantages considérables pour les entreprises utilisatrices. Ce logiciel se révèle être un réel traducteur de données. A la suite d’une question posée en anglais telle que : « Quels sont les retours-clients de tel produit acheté ? », les données, une fois traitées, donne lieu à des représentations visuelles rapides et facilement lisibles. Anania représente une réelle vulgarisation de l’analyse de données grâce à ses formats, offrant un gain de temps appréciable aux entreprises-utilisatrices. Même si son utilisation va faciliter la tâche des entreprises utilisatrices, cet outil va nécessiter une récolte importante de données personnelles et il faudra s’assurer que les règles du RGPD seront bien prises en compte et par les concepteurs et par les utilisateurs.

Les réseaux sociaux sous les drapeaux contre la Russie poutinienne

En début de semaine, les réseaux sociaux et les géants du numérique ont adopté des positions de plus en plus tranchées dans le conflit russo-ukrainien. Google, Facebook, Twitter, TikTok ou encore Telegram se sont engagés dans la lutte contre la propagande de guerre russe et s’attachent à traquer les faux comptes, en démantelant les opérations d’influence et en restreignant l’accès à certains utilisateurs en Russie ou en Ukraine.

Pourquoi cette actu :
La guerre que mène la Russie contre l’Ukraine n’est pas uniquement militaire. Elle est également une guerre informationnelle. En témoigne les restrictions d’accès aux médias publics russes, à l’image de RT ou Sputnik, par Google, Facebook, Telegram ou encore Twitter. L’objectif de ces réseaux sociaux est de lutter contre l’action du Kremlin en étiquetant et bannissant les médias russes qui propagent de fausses informations, de faux messages, ou encore de fausses images. La réaction de la Russie ne s’est pas fait attendre ; Moscou ces réseaux sociaux de mesures de rétorsion, notamment en limitant leur accès dans le pays. Cet article met en avant les mutations des formes de conflictualité ; désormais les guerres sont hybrides ; elles mêlent une dimension militaire à une dimension informationnelle, où offensives armées et cyberoffensives se déploient et se complètent sur un terrain devenu complexe. Les semaines qui viennent risquent d’en être une illustration tragique…

Focus de la semaine

Joe Biden veut en finir avec finir avec le ciblage publicitaire des enfants

Lors de son discours annuel sur l’État de l’Union, le président américain a estimé qu’il était urgent de mieux protéger les enfants sur les réseaux sociaux et notamment contre Facebook et TikTok. Joe Biden a annoncé un financement spécifique pour passer en revue la sécurité des enfants sur les réseaux sociaux, ainsi qu’une enveloppe de cinq millions de dollars dans le budget de l’année prochaine pour étudier l’impact des médias sociaux sur la santé mentale.

Pour cette actualité :

Après la révélation des Facebook Files par Frances Haugen, ex-salariée de Facebook (devenu Meta) et la mise en danger des adolescents par Instragram, la protection des données personnelles des enfants sur les réseaux sociaux est au cœur des préoccupations de nombreux pays et à présent, même aux États-Unis. Le président n’est pas le seul à s’en préoccuper puisqu’une coalition des procureurs généraux, dont ceux des États de Californie, de Floride et du Kentucky, ont récemment lancé une enquête sur l’application chinoise TikTok, soupçonnée de ne pas se préoccuper suffisamment de la santé mentale et physique des enfants. L’enquête étudiera les dommages que l’utilisation du réseau social peut causer aux jeunes d’une part et ce que TikTok savait de ces dommages d’autre part. Elle se concentrera, entre autres, sur les méthodes et techniques utilisées par le réseau social pour stimuler l’engagement des jeunes utilisateurs, notamment en augmentant la durée du temps passé sur la plateforme et la fréquence d’engagement avec celle-ci. Les procureurs généraux du pays examineront si l’entreprise a violé les lois de protection des consommateurs de l’État et mis le jeune public en danger. On se souvient d’une enquête similaire menée en mai 2021 par 44 procureurs généraux contre Meta et exhortant la Big Tech à abandonner une version d’Instagram pour les moins de 13 ans.
TikTok étant une plateforme très prisée des jeunes internautes et ayant dépassé le milliard d’utilisateurs, il est désormais essentiel d’encadrer ses pratiques et d’informer les parents sur les risques de son utilisation pour leurs enfants. La France a d’ailleurs elle aussi très récemment adopté une loi en date du 2 mars 2022 visant à renforcer le contrôle parental sur les moyens d’accès à internet.

Le point de vue étudiant

La loi n°2022-309 du 3 mars 2002 et le cyberscore des plateformes numériques

Par Isabelle Bufflier, professeure Ethique et des droit des affaires, SKEMA BS, sous l’œil bienveillant de Frédéric Munier, professeur de géopolitique SKEMA BS

 

Cette nouvelle loi impose de nouvelles obligations en matière de cybersécurité aux grandes plateformes numériques, aux messageries instantanées et aux sites de visioconférence les plus utilisés. Les opérateurs ainsi concernés devront informer les internautes par un visuel nommé « Cyberscore » (à l’image du Nutriscore en matière alimentaire) de la sécurité de leur site ou de leur service et de la sécurisation et de la localisation des données qu’ils hébergent par eux-mêmes ou par leurs prestataires (ex : Cloud). Les informations du cyberscore seront alimentées par un audit de sécurité que les sites ou services devront réaliser par le biais de prestataires qualifiés par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Un décret ultérieur établira une liste de tous les opérateurs concernés en fonction de l’importance de leur activité, exigeant pour les plus importants de mentionner le lieu d’hébergement de leurs données. Un arrêté précisera les critères pris en compte par l’audit de sécurité. Ce nouveau dispositif entrera en vigueur le 1er octobre 2023.
Le député Philippe Latombe, à l’origine de l’amendement relatif à l’information sur le lieu d’hébergement des données, contre l’avis du gouvernement, le justifie par trois raisons : la nécessaire éducation des consommateurs afin qu’ils sachent que le lieu d’hébergement des données peut être plus ou moins protecteur, suivant qu’ils se trouvent par exemple en Chine, aux États-Unis ou en Europe. En outre, les valeurs démocratiques européennes ont davantage vocation à protéger les données personnelles des internautes et il faut qu’ils en aient conscience. Enfin, pour renforcer la souveraineté numérique et économique européenne, il est nécessaire redévelopper des activités économiques en Europe. Avoir des data centers en Europe, et non des filières numériques, permettra de contrebalancer des solutions de type cloud américain.

Alors que la Commission européenne s’interroge sur les suites à donner à l’arrêt Schrems II à propos de l’extraterritorialité du RGPD, que la CNIL a déclaré récemment illégaux les transferts de données vers les Etats-Unis opérés par Googles Analytics, que l’association NOYB créée par Max Schrems a encore déposé, en mars 2022, 270 projets de plaintes à l’égard de responsables de traitement pour non-respect des dispositions sur les cookies, l’adoption d’un dispositif simple et clairement informatif à l’attention des consommateurs ne peut être que louée. L’affichage du résultat devrait en effet être présenté « de façon lisible, claire et compréhensible et accompagné d’une présentation ou d’une expression complémentaire, au moyen d’un système d’information coloriel ».

Inviter ainsi les plateformes et leurs homologues à davantage de transparence ne peut être que bénéfique, dans la lignée de qu’y est attendu au plan européen avec le Pack Digital (Digital Market Act et Services Act).