Contrairement aux contrefaçons, qui reproduisent illégalement logos, designs brevetés ou noms de marques, « les dupes » (abréviation de duplicata ou venant du verbe duper tout simplement) s’inspirent étroitement des produits haut- de- gamme en évitant d’en être des copies exactes pour contourner les droits de la propriété intellectuelle.
Les dangers des dupes : Quand l’apparence trompe la vigilance
Alors que certains consommateurs saluent leur accessibilité, d’autres dénoncent les implications morales de ces pratiques, en particulier pour les petites entreprises qui peinent à rivaliser face à cette concurrence déloyale. En effet, ces produits bien qu’ils contournent la contrefaçon en évitant de violer directement les brevets et les droits de propriété intellectuelle soulèvent de nombreuses interrogations sur leur véritable coût, qu’il soit financier, éthique ou sanitaire.
La tromperie envers le consommateur
Cependant, dans un monde où les produits haut- de- gamme attirent par leur qualité et leur prestige, les dupes se présentent comme une alternative économique à ces créations luxueuses. Ces imitations à bas prix de produits de marques reconnues, sont devenues un phénomène mondial surtout chez les jeunes. Cependant, derrière cette apparente opportunité encouragée sur les réseaux sociaux, se cache une réalité beaucoup plus inquiétante voire dangereuse pour les consommateurs, l’économie et l’environnement.
Le terme « dupes » désigne des produits qui imitent ceux de marques renommées, donnant l’impression de proposer une offre similaire à moindre coût, mais cette similitude se limite à l’apparence. Les « dupes » ne possèdent absolument rien des caractéristiques de l’original, en termes de matériaux, d’efficacité ou de durabilité.
Prenons l’exemple des produits cosmétiques : les dupes de grandes marques peuvent attirer par leur packaging séduisant et leurs promesses. Pourtant, leurs formulations sont toujours douteuses, voire dangereuses. L’absence de tests rigoureux et de normes élevées peut exposer les utilisateurs à des allergies, des irritations ou des effets indésirables graves. Acheter un « dupe » peut donc s’avérer risqué, surtout pour des produits appliqués sur le corps ou la peau.
Selon une étude publiée en 2023 par la plateforme Statista, près de 60 % des jeunes entre 16 et 30 ans affirment avoir acheté un « dupe » suite à une recommandation sur les réseaux sociaux.
La culture de la fast fashion
Cette démocratisation de la mode rapide, amplifiée par les réseaux sociaux et les influenceurs, a normalisé l’idée chez les jeunes que le style peut être atteint sans effort financier considérable. Alors que la tendance à consommer des « dupes » séduit par son accessibilité, elle expose également les jeunes à des produits éphémères, souvent de qualité médiocre, et à la surconsommation, ce qui éloigne encore davantage le consommateur de l’appréciation d’un savoir-faire authentique et durable.
Non seulement, ainsi que nous l’avons souligné plus haut, cela soulève des questions fondamentales sur l’impact que ces pratiques ont sur les industries et l’environnement, mais elles ont aussi un impact social. Dans les pays où sont fabriqués ces produits, les conditions de travail des ouvriers sont souvent déplorables. Ils sont sous-payés, travaillent souvent sans protection sociale et dans des conditions insalubres. Plus alarmant encore, certaines de ces usines exploitent le travail des enfants. Ces pratiques contribuent donc à perpétuer un cercle vicieux de pauvreté et d’inégalité sociale tout en alimentant des chaines de production à bas coût.
L’impact économique
Les produits contrefaits nuisent aux marques originales en détournant les consommateurs avec des prix bas. Cela affaiblit l’innovation et contribue à l’essor de la « fast fashion » et l’obsolescence programmée, incitant à une consommation rapide et irréfléchie.
Les vidéos comparatives, conçues pour simplifier les choix du consommateur, introduisent volontairement des propos qui minimisent les véritables différences entre les produits originaux et leurs copies. Cette perception déformée tend à réduire l’intérêt pour les produits authentiques, en mettant en avant une idée d’équivalence basée uniquement sur l’apparence. Tandis que les marques consacrent des moyens considérables à promouvoir la qualité, la créativité et l’innovation de leurs créations, les « dupes » détournent ce prestige pour leur propre bénéfice.
Par conséquent, les marques légitimes subissent d’importantes pertes financières, limitant leur capacité à produire des articles de qualité et à bien rémunérer le savoir- faire de leurs employés.
La problématique environnementale
Les conséquences écologiques de la production et de la consommation de « dupes » sont tout aussi alarmantes. Ces produits sont souvent fabriqués dans des usines où les normes environnementales sont inexistantes ou ignorées, ce qui entraîne une pollution massive des sols, de l’air et de l’eau.
De plus, la nature éphémère des dupes encourage une surconsommation qui génère des montagnes de déchets. Les matériaux utilisés, souvent de mauvaise qualité, ne sont pas recyclables, ce qui aggrave les problèmes de gestion des déchets à l’échelle mondiale.
Face à ce fléau les professionnels s’organisent.
Conscients de la montée en puissance de ce phénomène, les professionnels et les industries commencent à s’organiser. Des campagnes de sensibilisation, comme celles lancées par l’Union des fabricants (Unifab), cherchent à informer le public des dangers des « dupes » et à décourager leurs achats. Ces initiatives mettent en avant des arguments basés sur la sécurité des consommateurs, la préservation des entreprises légitimes et la protection de l’environnement.
Par ailleurs, l’industrie du luxe et des marques haut de gamme intensifie leurs efforts pour protéger leurs créations. Des technologies, telles que les hologrammes ou les codes QR de traçabilité, sont utilisées pour garantir l’authenticité des produits. Ces outils permettent aux consommateurs de vérifier facilement si leur achat est légitime.
La nécessité de sanctions et d’une vigilance accrue
Les autorités et les instances internationales doivent renforcer les lois existantes et instaurer des sanctions plus sévères envers ceux qui produisent et vendent des « dupes ». Des mesures telles que des amendes conséquentes, la fermeture des usines responsables et la traque des réseaux de distribution illicites sont essentielles pour contrer ce fléau. Ces actions doivent également être accompagnées d’une coopération internationale pour endiguer ce commerce souvent transfrontalier.
En parallèle, la vigilance des consommateurs joue un rôle crucial. Il est important de sensibiliser les acheteurs à reconnaître les signaux d’avertissement — prix trop bas, absence de certifications et provenance douteuse — afin de les inciter à privilégier les produits authentiques. Une éducation accrue sur l’impact des « dupes », tant sur leur propre sécurité que sur l’environnement, peut également encourager un changement des habitudes de consommation. Les marques et les gouvernements doivent collaborer pour diffuser cette information largement et efficacement.
Conclusion
Les « dupes », sous leur apparence inoffensive, représentent un danger réel pour les consommateurs, l’économie et l’environnement. Cette imitation servile, bien que légale, est une menace qu’il faut prendre au sérieux. Il appartient à chacun d’être vigilant, de se renseigner et de soutenir les initiatives visant à contrer ce phénomène. En adoptant une consommation responsable, nous pouvons protéger notre sécurité, préserver les entreprises légitimes et contribuer à la sauvegarde de notre planète.

Colette Bouckaert
Secrétaire générale iDFRights