INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
- AI Act: Brando Benifei critique le retard de la Commission européenne sur les lignes directrices
Pour rappel : L’application de l’AI Act s’étend de février 2025 à août 2027. Cependant, la Commission doit encore publier des lignes directrices pour aider les parties prenantes et les États membres à appliquer concrètement les dispositions de la législation.
Lors de la réunion de la commission IMCO le 27 janvier, Brando Benifei, rapporteur du règlement sur l’intelligence artificielle et vice-président du groupe de suivi parlementaire, a dénoncé le retard et le manque de transparence de la Commission européenne. Celle-ci doit publier des lignes directrices définissant les systèmes d’IA et les pratiques interdites, alors que le règlement entre en vigueur le 2 février. Il a notamment pointé du doigt l’absence de brouillon disponible et le faible suivi des préoccupations des parties prenantes, exprimées lors d’un échange le 14 janvier avec Lucilla Sioli, directrice du Bureau de l’IA. Une version finalisée de ces lignes est attendue courant février.
- Prochaine étape :
19 février : prochaine réunion du groupe de suivi parlementaire sur la mise en application des règles de la Commission sur les pratiques interdites par les États membres.
- IA au travail : la Commission européenne et la présidence polonaise du Conseil appellent à de nouvelles mesures
Pour rappel : Les membres du groupe des employeurs du Comité économique et social européen (CESE) se sont opposés à l’avis officiel du CESE intitulé « Une IA au service des travailleurs », qui proposait des recommandations sur l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les politiques de l’emploi et du marché du travail. En réponse, ils ont proposé un contre-avis affirmant que l’UE devrait davantage mettre l’accent sur l’exploitation du potentiel de l’IA pour améliorer la productivité et le bien-être des travailleurs, tout en s’appuyant sur le cadre juridique existant plutôt que de créer de nouvelles réglementations. Ce contre-avis, bien qu’il n’ait pas été adopté comme position majoritaire, sera annexé à l’avis principal du CESE.
Roxana Mînzatu, vice-présidente de la Commission européenne en charge des Droits sociaux, a appelé à de nouvelles initiatives législatives sur l’intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail, lors d’une plénière du CESE du 23 janvier. Elle a insisté sur la nécessité de maintenir un contrôle humain et un dialogue social dans l’utilisation de l’IA. La sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Famille, du travail et de la politique sociale polonais, Katarzyna Nowakowska a souligné que l’impact de l’IA sur le marché du travail est une priorité pour la Présidence polonaise de l’UE, appelant à protéger les droits sociaux et à garantir la transparence des systèmes d’IA.
- Meta va investir jusqu’à 65 milliards de dollars dans l’IA en 2025
Pour rappel : Donald Trump a annoncé le lancement d’une coentreprise entre OpenAI, Oracle et SoftBank, baptisée Stargate, destinée à injecter 500 milliards de dollars et à créer 20 data centers pour faire des États-Unis un leader en infrastructure IA. Microsoft prévoit d’investir 80 milliards de dollars en 2025, dont la moitié sera consacrée aux États-Unis, pour développer des centres de données et des ressources dédiées à l’IA générative. Meta, avec son chatbot Meta AI, prévoit de dépasser un milliard d’utilisateurs en 2025. Cependant, les utilisateurs européens de ses plateformes, comme Facebook, Instagram et WhatsApp, ne pourront pas accéder aux nouvelles fonctionnalités à cause des restrictions sur la protection des données personnelles.
Mark Zuckerberg a annoncé sur Facebook, le 24 janvier « Cette année sera déterminante pour l’IA. En 2025, je m’attends à ce que Meta AI soit le principal assistant IA au service de plus d’un milliard de personnes, à ce que Llama 4 devienne le principal modèle de pointe et à ce que nous créions un ingénieur IA qui contribuera de plus en plus à nos efforts de recherche et de développement ». Pour soutenir ce projet ambitieux, Meta investira entre 60 et 65 milliards de dollars en infrastructures, dont un centre de données géant en Louisiane, et prévoit d’atteindre 1,3 million de GPU.
- Lucie, le chatbot de Linagora mis en pause après des réponses erronées
Pour rappel : Lucie est un chatbot d’intelligence artificielle développé par la société française Linagora en collaboration avec le CNRS. Conçu comme une alternative à ChatGPT, ce projet est en développement depuis un an et vise à proposer une solution française d’IA conversationnelle. Le système a été adapté pour une utilisation dans le monde de l’éducation courant 2025.
Trois jours après son lancement en phase de test, le chatbot français Lucie a été mis hors service par Linagora, son concepteur, face à un flot de critiques sur les réseaux sociaux. De nombreuses réponses absurdes, comme l’affirmation que les vaches pondent des œufs, ont suscité moqueries et incompréhension. Linagora reconnaît un manque de clarté sur les limites du projet, présenté comme une expérimentation académique. La société assure que cette mise en pause vise à améliorer Lucie avant un éventuel retour. Ce faux-départ contraste avec les récentes initiatives chinoises et américaines en matière d’intelligence artificielle éloignant la perspective d’une souveraineté européenne voire française en matière d’IA.
- Commission IMCO : La directive sur la responsabilité en matière d’IA suscite des divisions parmi les eurodéputés
Pour rappel : L’AI Liability Directive vise à intégrer un système de responsabilité civile pour les dommages créés par les systèmes d’IA. Elle va de pair avec les modifications de la directive sur la responsabilité du fait des produits défectueux, mais ambitionne de compléter ses lacunes sur les risques spécifiques de l’IA. Elle propose également de couvrir les dommages imputés à l’IA et affectant des entreprises ou des organisations, en plus des dommages aux individus.
Lors d’un premier échange sur la directive sur la responsabilité de l’IA (AI Liability Directive), le 28 janvier, les eurodéputés de la commission IMCO ont exprimé de vives réserves. Kosma Złotowski (CRE), rapporteur pour avis, a proposé de rejeter le texte, estimant qu’il alourdirait la réglementation sans bénéfice clair. Svenja Hahn (Renew) l’a jugé « inutile et problématique », tandis que Jorge Martín Frías (PfE) a dénoncé un frein à l’innovation. En revanche, les sociaux-démocrates et la gauche radicale ont soutenu la nécessité d’un cadre juridique renforcé. Axel Voss (PPE), rapporteur au fond en commission JURI, a défendu une harmonisation européenne pour éviter la fragmentation juridique entre États membres.
- Prochaine étape :
4 juin 2025 : publication d’une première version du projet rapport d’Axel Voss
2026 : votes du texte en commission JURI puis plénière
- Commission LIBE : La présentation du rapport de la Cour des comptes européenne sur l’IA déclenche un débat sur l’entrée inattendue de DeepSeek sur le marché
Pour rappel : Le rapport spécial de la Cour des comptes européenne évalue l’efficacité des mesures prises par l’UE pour développer un écosystème d’intelligence artificielle (IA) pour l’année 2024. Il conclut que les investissements et la coordination des États membres et de la Commission ont été insuffisants. Les investissements dans l’IA n’ont pas suivi le rythme mondial, et la mise en œuvre des infrastructures de soutien aux PME a pris du retard. En outre, les objectifs d’investissement étaient vagues et non révisés, et les résultats de la recherche n’ont pas été pleinement exploités pour l’innovation.
Lors de la présentation du rapport de la Cour des comptes européenne sur l’IA en commission LIBE, ce mardi 28 janvier, le député Renew, Michael McNamara, a souligné l’ascension rapide de la Chine dans ce domaine, en pointant le coût étonnamment bas de développement de DeepSeek, une IA dont le développement a coûté seulement 6 millions de dollars. Cette situation contraste fortement avec le plan d’investissement de 500 milliards de dollars lancé par Donald Trump. Mihails Kozlovs, membre de la Cour des comptes, a reconnu les défis d’investissement en Chine, tout en affirmant que l’Europe pouvait encore combler son retard. Un porte-parole de la Commission a ajouté que la compétition pour l’IA reste ouverte, précisant que l’Europe dispose des ressources nécessaires pour progresser.
- La France veut lever 2,5 milliards d’euros pour financer une fondation sur l’IA
Anne Bouverot, envoyée spéciale du président de la République pour l’intelligence artificielle, a révélé le projet d’une fondation sur l’IA lors d’une interview à La Tribune du Dimanche le 26 janvier, en marge du Forum économique mondial de Davos. L’exécutif prévoit de lever 2,5 milliards d’euros pour financer une nouvelle fondation dédiée à l’IA, avec un objectif de 500 millions d’euros cette année. Cette fondation, dont le siège serait établi à Paris, a pour ambition de créer un cadre de confiance pour collecter des données d’intérêt général, notamment dans le domaine de la santé, et de les rendre accessibles aux chercheurs et start-up à des coûts réduits. Ce projet sera mis en lumière lors du sommet sur l’IA qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février.
- Commission EMPL : Les ministres polonaises plaident pour une meilleure protection des travailleurs face à l’impact de l’IA
Les ministres polonaises Agnieszka Dziemianowicz-Bąk et Marzena Okła-Drewnowicz ont présenté leurs priorités aux eurodéputés de la commission Emploi et affaires sociales le 28 janvier. Elles ont évoqué la nécessité de renforcer la protection sociale face à l’impact croissant de l’intelligence artificielle sur le travail. La ministre Dziemianowicz-Bąk a indiqué que la Pologne privilégiait la réflexion sur la protection des travailleurs plutôt que sur une législation spécifique, pour le moment.
DMA/DSA
- La Commission européenne collabore avec les grandes plateformes en vue des élections législatives allemandes
Pour rappel : Dans le cadre des élections européennes, la Commission européenne avait déjà collaboré avec les grandes plateformes pour lutter contre les potentiels phénomène de manipulation électorale.
Une table-ronde comprenant plusieurs plateformes de réseaux sociaux, dont Snapchat, X, TikTok et Meta, ainsi que la Commission européenne et le coordinateur national allemand du DSA s’est déroulée vendredi 24 janvier dans l’après-midi à Berlin. Cette rencontre avait pour objectif de faire un premier point sur l’état de préparation de ces plateformes en vue des prochaines élections législatives allemandes en février, face aux dangers de manipulation. Selon la Commission, « l’échange a porté sur les tendances actuelles liées aux élections ainsi que sur les mesures de minimisation des risques ». Un test de mise en situation est prévu afin de mettre les plateformes face à des cas concrets et d’évaluer leurs systèmes de réponse.
- Prochaine étape :
31 janvier : test de mise en situation
- Les grandes plateformes revoient à la baisse leurs engagements de fact-checking au sein du Code de pratique européen sur la désinformation
Pour rappel : Le Code de bonnes pratiques sur la désinformation est un cadre permettant aux plateformes en ligne de définir et de superviser leurs engagements dans la lutte contre la désinformation. Il repose sur 128 mesures volontaires adoptées par les plateformes. La Commission européenne vise à l’intégrer juridiquement au DSA d’ici juillet.
La Commission européenne a publié les engagements des plateformes pour la nouvelle version du Code de conduite contre la désinformation, qui doit être intégré au DSA. Plusieurs acteurs majeurs, déjà sous surveillance pour manquements, ont revu leurs engagements à la baisse. Google, YouTube et LinkedIn renoncent à leurs obligations en matière de fact-checking, jugeant ces mesures inadaptées. TikTok accepte de s’y conformer uniquement si ses concurrents font de même. Meta, après avoir abandonné son fact-checking aux États-Unis, prévoit une transition vers les notes de la communauté, comme X en 2023.
- Le BEUC accuse Meta de contourner les règles européennes avec son modèle « Pay or Consent »
Pour rappel : Lancé fin 2023, le système « pay-or-consent » proposait deux choix aux utilisateurs : accepter l’utilisation de leurs données pour des publicités ciblées ou payer un abonnement pour ne plus en voir. Cette approche a été fortement critiquée par plusieurs associations de consommateurs et a conduit la Commission européenne à ouvrir une enquête.
Le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) accuse Meta d’enfreindre plusieurs règlements européens avec son modèle « Pay or Consent ». Dans un communiqué publié le 23 janvier, l’organisation affirme que l’entreprise viole les règles sur la protection des consommateurs, des données et le DMA. Malgré des ajustements récents, comme une baisse des tarifs et des publicités moins ciblées, le BEUC estime que les problèmes de fond persistent. Meta continuerait à inciter les utilisateurs à accepter la publicité ciblée en limitant leurs alternatives. L’organisation demande à l’UE de prendre des mesures rapides et contraignantes contre ces pratiques.
- DSA et élections : eurodéputés et États membres pressent la Commission d’agir
Pour rappel : La Commission européenne a lancé une étude d’une durée de 4 mois pour évaluer l’application du Digital Services Act (DSA) et garantir son interprétation cohérente avec les autres législations européennes. L’objectif est d’identifier les chevauchements entre le DSA et les réglementations existantes ou à venir, et d’analyser les risques d’incohérence.
La vice-présidente de la Commission chargée du numérique et de la souveraineté technologique, Henna Virkkunen s’est confrontée aux eurodéputés de la commission ITRE au sujet de l’application du DSA le 29 janvier. En prenant comme exemple le cas récent des élections roumaines, plusieurs députés ont réclamé à la commissaire plus de volonté dans la mise en œuvre du DSA. Face aux députés Verts qui réclamaient un éclaircissement sur l’avancée de l’enquête ouverte contre TikTok, Mme Virkkunen s’est montrée claire : « Ce qui s’est déroulé en Roumanie était quelque chose que nous n’avions jamais vu auparavant. Nous avions des suspicions de manipulation, c’est pourquoi nous avons demandé à TikTok de conserver ses données ». Elle a également renié les accusions de censure venues de certains députés de la droite radicale et a rappelé que la Commission avait ouvert de nombreuses enquêtes contre les plateformes qui continuent de manquer à leurs obligations légales, « particulièrement en termes de transparence de leurs algorithmes ». Le même jour, 12 États membres ont exhorté la Commission de rétablir la confiance dans les élections, en amont des élections fédérales allemandes fin février.
- Commission IMCO : Andreas Schwab appelle à renforcer les effectifs et clarifier le cadre réglementaire du DMA
Lors de la réunion de la commission IMCO du 27 janvier, Andreas Schwab (PPE, allemand) président du groupe de suivi sur le DMA s’est exprimé sur la mise en œuvre du texte. Andreas Schwab a indiqué qu’il n’y avait « pas de changement » ni de ralentissement dans la mise en œuvre du DMA ni dans les enquêtes en cours, selon les déclarations de la Commission. Selon le député allemand, l’objectif est de « continuer à plaider pour une augmentation des effectifs afin de compenser » le grand nombre d’avocats employés par les contrôleurs d’accès désignés pour les enquêtes ouvertes par la Commission. Il a également souligné la nécessité pour la Commission de « clarifier » les statuts de l’intelligence artificielle et des services cloud dans le cadre actuel du DMA.
DONNÉES :
- La CJUE confirme le pouvoir de l’EDPB d’imposer des enquêtes complémentaires aux autorités nationales
Pour rappel : En 2022, l’EDPB a ordonné à la Data Protection Commission (DPC) irlandaise d’imposer des sanctions plus strictes à Meta et d’ouvrir une nouvelle enquête sur l’utilisation de données sensibles, après des plaintes contre Facebook, Instagram et WhatsApp. La DPC a contesté cette demande, estimant que l’EDPB outrepassait ses compétences.
Le 29 janvier 2025, la Cour de justice de l’UE (CJUE) a rejeté le recours de la DPC irlandaise, qui contestait l’autorité de l’EDPB (Comité européen de la protection des données) à lui imposer des enquêtes supplémentaires. La DPC estimait que l’EDPB avait outrepassé ses compétences en ordonnant l’ouverture d’une nouvelle procédure plutôt que la révision d’une enquête en cours. La CJUE a confirmé que l’EDPB peut imposer à une autorité nationale d’étendre son enquête si des lacunes sont constatées, même si le point soulevé ne figurait pas dans l’analyse initiale. Cette décision renforce l’autorité de l’EDPB et clarifie l’application du RGPD, notamment dans les cas impliquant des acteurs technologiques de premier plan.
- DeepSeek sous enquête de la Cnil italienne pour manquements au RGPD
Pour rappel : La Cnil italienne (Garante della Privacy) a déjà pris des mesures strictes contre les entreprises d’IA, notamment en suspendant temporairement ChatGPT en 2023 pour violation du RGPD et en infligeant une amende de 15 millions d’euros à OpenAI en décembre dernier.
La Cnil italienne a officiellement demandé, le 30 janvier, à DeepSeek, une entreprise chinoise d’IA générative, de fournir des précisions sur son traitement des données des utilisateurs italiens. DeepSeek doit expliquer la nature des données collectées, leur provenance, les bases légales de leur traitement et si elles sont stockées en Chine, pays non reconnu par l’UE comme disposant d’un niveau de protection adéquat. L’enquête fait suite à une plainte d’Euroconsumers et Altroconsumo, qui dénoncent des manquements au RGPD, notamment l’absence d’analyse d’impact sur le transfert des données (AITD). La Cnil italienne pourrait imposer une restriction temporaire sur le traitement des données en Italie.
- Prochaine étape :
17 février : date limite imposée à DeepSeek pour répondre aux demandes de l’autorité.
NUMÉRIQUE:
- La Commission affine son agenda réglementaire pour l’innovation, le cloud et l’IA
Pour rappel : La Commission européenne a annoncé en 2024 une « boussole pour la compétitivité », une feuille de route stratégique visant à renforcer la capacité industrielle et technologique de l’UE face à la concurrence mondiale.
Le 29 janvier, la Commission européenne a présenté la version finale de sa « boussole pour la compétitivité », précisant son agenda législatif pour les réformes technologiques attendues. Le « 28ᵉ régime » juridique pour les start-up, qui vise à harmoniser le cadre applicable aux jeunes entreprises innovantes dans le marché unique, est confirmé pour une adoption entre Q4 2025 et Q1 2026. À la même échéance, la Commission prévoit également de finaliser le « EU Innovation Act », ainsi que le règlement pour le développement du cloud et de l’intelligence artificielle, destiné à structurer un écosystème numérique plus autonome au sein de l’UE. Le « Quantum Act », qui définira les orientations stratégiques en matière de technologies quantiques, est également prévu pour Q4 2025. En revanche, certaines initiatives mentionnées dans les versions précédentes du document, comme la stratégie « continent de l’IA » et la révision des lignes directrices sur le contrôle des concentrations, ne sont plus assorties de dates précises.
CYBERSÉCURITÉ:
- L’UE sanctionne trois officiers russes pour cyberattaques contre l’Estonie
Pour rappel : L’UE a mis en place en 2019 un cadre de sanctions pour lutter contre les cyberattaques menaçant la sécurité des États membres. En 2024, ce cadre a été élargi pour inclure les actions de déstabilisation menées par la Russie, permettant de sanctionner les individus et entités impliqués dans des cyberattaques ciblant l’UE et ses partenaires.
Le Conseil de l’UE a ajouté, le 27 janvier, trois officiers du renseignement militaire russe (GRU) à sa liste de sanctions pour leur rôle dans des cyberattaques majeures contre l’Estonie en 2020. Ces attaques ont permis l’accès illégal à des données classifiées et sensibles issues des ministères estoniens des Affaires économiques, des Affaires sociales et des Affaires étrangères, compromettant des documents confidentiels, notamment des secrets industriels et des dossiers de santé. Ces officiers rejoignent désormais les 17 individus et 4 entités visés par le régime de sanctions cybernétiques de l’UE, qui comprend un gel des avoirs et une interdiction de voyager.
MÉDIAS ET DROITS D’AUTEUR
- La Commission européenne lance les travaux sur le « Bouclier européen pour la démocratie »
Pour rappel : Lors de sa réélection en juillet 2024, la présidente de la Commission européenne a annoncé la création d’un Bouclier européen pour la démocratie’, visant à protéger les processus démocratiques européens contre les ingérences étrangères et la désinformation. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de préoccupations croissantes sur la manipulation de l’information et l’intégrité des élections au sein de l’UE.
Le 28 janvier 2025, le commissaire européen à la Démocratie et à la Justice, Michael McGrath, a annoncé le lancement des travaux du groupe de travail interne de la Commission sur cette initiative. Parmi les axes explorés figurent la lutte contre l’ingérence étrangère, la manipulation de l’information, la transparence des processus électoraux et la participation citoyenne. Il reste à déterminer si le projet prendra la forme d’une communication ou d’un texte législatif. Le ministre polonais des Affaires européennes, Adam Szłapka, a confirmé que la présidence polonaise du Conseil de l’UE coopérera étroitement avec la Commission sur ce dossier. En parallèle, le Parlement européen a mis en place une commission spéciale EUDS, dédiée au suivi de cette initiative.
- Prochaine étape :
3 février : élection des présidents de la commission spéciale EUDS
- Réseaux sociaux : les eurodéputés appellent à un sursaut face aux dangers pour les jeunes filles
Pour rappel : Les inquiétudes concernant les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes, en particulier des jeunes filles, ont conduit à des enquêtes et à des tentatives de régulation dans plusieurs États membres. Le Parlement européen examine régulièrement ces questions dans le cadre de ses travaux sur la protection des mineurs en ligne et la régulation des plateformes numériques.
La commission des droits de la femme et de l’égalité de genre (FEMM) du Parlement européen a tenu une audition sur l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes filles ce 28 janvier. Des expertes ont alerté sur la quête de validation numérique, amplifiée par les algorithmes, qui exacerbe les troubles liés à l’image corporelle et à l’estime de soi. L’eurodéputée Emma Rafowicz (Verts/ALE) a appelé à un « réveil collectif » et à une responsabilité accrue des plateformes, alors que 14 millions de jeunes Européens souffrent de troubles psychiques. Marko Vešligaj (S&D) a dénoncé l’inaction des grandes entreprises technologiques face au harcèlement en ligne, tandis que Eleonora Meletti (PPE) a insisté sur le rôle fondamental de l’éducation. Des solutions ont été évoquées, dont une meilleure régulation des publicités exploitant les insécurités des jeunes filles et un renforcement de l’éducation à l’image et aux médias.
VIE INSTITUTIONNELLE UE
- Commission IMCO : la Présidence polonaise du Conseil de l’UE précise ses priorités en matière de numérique
Pour rappel : Dans le document détaillant ses priorités, la Présidence polonaise du Conseil mentionne la future réforme des télécommunications européennes et la nécessité de baisser le fardeau législatif de l’UE.
Trois membres du gouvernement polonais, Krzysztof Paszyk, Dariusz Standerski et Małgorzata Krok, ont rencontré les eurodéputés de la commission IMCO, le 28 janvier, pour détailler les priorités de la Présidence polonaise du Conseil de l’UE. Lors de cet échange de près de deux heures, ils ont abordé de nombreux sujets, mettant l’accent sur la souveraineté et la sécurité européennes. D’autres points ont également été précisés :
- Dariusz Standerski a mis en avant la cybersécurité comme une priorité clé de la Présidence polonaise du Conseil, en lançant des discussions avec les États membres pour établir les meilleures pratiques et renforcer ainsi la résilience de l’Europe.
- La Présidence polonaise se concentrera sur la question de la « dépense énergétique » associée aux nouvelles « usines d’IA » et sur les « ressources » nécessaires pour soutenir les entreprises européennes dans ce domaine.
- Les enjeux liés à l’« accès aux données » et aux compétences techniques essentielles pour le développement de l’IA ont été soulignés comme des priorités.
- Standerski a insisté sur l’importance d’aborder l’utilisation des données personnelles par l’IA, tout en précisant que toutes les problématiques ne pouvaient être résolues par la législation seule.
AGENDA DE LA SEMAINE PROCHAINE
Parlement européen :
- Lundi 3 février : commission EUDS (Bouclier européen de la démocratie) : élection des présidents et vice-présidents
Conseil de l’UE :
- Vendredi 31 janvier : Working Party on Intellectual Property – Ordre du Jour
- Vendredi 31 janvier : Horizontal Working Party on Cyber – Ordre du jour
- Vendredi 31 janvier : Groupe “Télécommunications et société de l’information”
- Lundi 3 février : Horizontal Working Party on Cyber Issues
- Mercredi 5 février : Coreper II
- Jeudi 6 février : Horizontal Working Party on Cyber Issues
- Jeudi 6 février : Groupe “Télécommunications et société de l’information”
Evénements :
- Vendredi 31 janvier (9:00-18:00) : OpenForum Europe : EU Open Source Policy Summit 2025
- Vendredi 31 janvier (9:00-13:00 ): Séminaire en ligne « Exploring DORA – the Digital Operational Resilience Act in Practice ». Organisateur : ERA. Infos
- Lundi 3 février : Conférence « Social justice in the digital era ». Organisateurs : Comité économique et social européen (CESE) et Organisation internationale du travail (ILO). Infos
- Mercredi 5 février (15:00-17:00) : Conférence « Digital Responsibility : Safeguarding Minors Online ». Organisateur : The European Lotteries. Infos
- Mercredi 5 février (14:00-17:30) : Conférence « Navigating Tomorrow: A Data Protection Decade and Future Challenges in the Algorithmic Era ». Organisateur : VUB-Brussels Privacy Hub. Infos
- Jeudi 6 février – Vendredi 7 février : Séminaire en ligne « Brussels Privacy Hub Winter Academy – AI & Law Crossroads ». Organisateur : VUB-Brussels Privacy Hub. Infos