Derrière son bras de fer avec l’Australie, Facebook envoie un avertissement à l’Europe – Frenchweb
22 février 2021
Derrière son bras de fer avec l’Australie, Facebook envoie un avertissement à l’Europe – Frenchweb

22 février 2021

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Derrière son bras de fer avec l’Australie, Facebook envoie un avertissement aux autres pays qui veulent réguler le numérique, et en particulier aux Européens, en signalant qu’il est prêt à tout pour défendre ses intérêts, selon des spécialistes interrogés par l’AFP. Le réseau social a décidé cette semaine de bloquer les contenus d’actualités pour les internautes australiens, afin de protester contre un projet de loi qui obligerait les géants du numérique à rémunérer les médias locaux.
Résultat: depuis jeudi les Australiens ne peuvent plus partager de liens vers des sites d’info et les pages des médias australiens ne sont plus consultables via Facebook. Mais s’agit-il d’une affaire purement locale ou dépasse-t-elle l’Australie ? Pour l’ancien eurodéputé Jean-Marie Cavada, à la tête de IDFrights, un institut qui défend les droits fondamentaux dans le monde numérique, cette affaire doit pousser les démocraties à se mobiliser pour réguler les géants du Net. « En coupant l’accès des médias à ses services, nous voyons cette fois en gros plan le vrai visage de Facebook », un réseau qui se montre prêt « à contourner ou à s’asseoir » sur toutes les législations qu’il juge contraires à ses intérêts financiers.
« Une forme d’impérialisme vert, vert comme la couleur du dollar », dénonce-t-il. « Ils montrent aussi par là que si vous ne cédez pas à leurs menaces et leur chantage, ils sont prêts à vous atteindre dans votre souveraineté », ajoute l’ancien élu, rappelant que Facebook, dans sa hâte, a bloqué l’accès à certaines informations essentielles (santé, secours, alertes météo…). De son côté, Joëlle Toledano, économiste et auteure de « GAFA Reprenons le pouvoir ! » (paru en 2020 chez Odile Jacob), n’est pas surprise par ce bras de fer. « On a tendance à croire que ces plateformes sont des infrastructures publiques, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes face à des acteurs qui ont construit un modèle économique complet et global, et Facebook ne va pas lâcher le morceau aussi vite » face à une législation qui remet en cause ce qu’il a bâti, prévient-elle.

Il s’agit de marquer son territoire

« On est dans une entreprise en quasi monopole dans l’accès à l’information, et effectivement il s’agit de marquer son territoire », confirme Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en sciences de l’information à l’Université de Nantes. En coupant l’accès à ses services, « Facebook exerce une souveraineté d’usage » dans le numérique, « où il capte l’attention de 2,7 milliards d’utilisateurs dans le monde » (avec tous ses services dont Instagram, WhatsApp..), commente-t-il. Et le groupe joue sur la difficulté des utilisateurs à se passer de ses services et à basculer vers d’autres usages, « car cela a un coût cognitif important ».

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