Alors qu’on la rapporte encore comme une anecdote de vacances, la contrefaçon est un fléau planétaire avec des impacts négatifs sur la santé et la sécurité des consommateurs, ainsi que sur l’économie d’une nation toute entière, elle est étroitement liée aux réseaux criminels et notamment terroristes. Mais les impacts ne s’arrêtent pas là, il est urgent d’informer nos concitoyens de ses effets néfastes sur l’environnement et la planète.

En effet, acheter des faux produits, revient à consommer non responsable des produits fabriqués à des milliers de kms avec un bilan carbone dramatique, par des contrefacteurs ne se souciant pas de la RSE, alors que c’est tout ce que la société, et particulièrement les jeunes, condamnent aujourd’hui. Toutes les générations méritent d’être alertées sur les pratiques inacceptables des contrefacteurs, et de leur manque de civisme, quand, par exemple, ils déversent des produits chimiques dans les sources d’eau ou jettent leurs déchets dans la nature…Selon un sondage Greenpeace, 80% des jeunes européens pensent que la situation du dérèglement climatique est une situation très préoccupante et qu’il faut prendre les choses en main en faveur du climat. Il est donc insensé que leur comportement d’achat vis-à-vis de la contrefaçon démontre l’inverse de leurs idées, surtout lorsque les propositions de produits contrefaisants affluent de toute part.

Des évolutions notables dans l’univers de la consommation européennes sont à noter, principalement depuis le début de la pandémie qui a encore plus démocratisé les achats en ligne.  Les derniers chiffres des saisies douanières indiquent une explosion de plus de 9 millions de contrefaçons stoppées aux frontières de la France en 2021, dont environ 30% dans des petits colis, résultat d’achats sur internet. Le constat est simple : la vente en ligne est une réelle avancée économique et sociétale, mais elle constitue également une aubaine pour les contrefacteurs qui n’hésitent pas à s’approprier ce canal de distribution pour duper les consommateurs.

Le résultat d’une étude menée par l’Unifab sur un échantillon représentatif de 25 entreprises, issues de tous les secteurs d’activité, est édifiant : en 1 an, plus de 32 millions de fausses annonces ont été retirées par les entreprises elles-mêmes sur différentes plateformes de vente en ligne. Imaginons si tous les industriels avaient participé…La particularité de ces annonces est qu’elles sont, désormais, plus vraies que nature. Aujourd’hui le contrefacteur est intelligent, il use de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour duper les consommateurs, en se cachant derrière un écran. Il faut donc s’adapter pour anticiper la prochaine tendance qu’ils utiliseront pour duper, arnaquer et escroquer les consommateurs, qui se voient démunies face à des propositions troublantes. Rien qu’en France, 43% des jeunes consommateurs français déclarent avoir acheté un faux produit, le pensant authentique d’après un sondage IFOP.

Personne n’est donc à l’abri de retrouver au fond de son placard, sur la table de son salon ou bien même dans sa salle de bain, une contrefaçon. Tout produit a une histoire, et celle des copies n’est pas très réjouissante car elles sont fabriquées dans le déni le plus total des normes de sécurité et environnementales.

Pour faire face à toutes ces évolutions, l’Unifab a augmenté la fréquence de ses sessions de formations destinées à parfaire les compétences des agents de terrain dans la reconnaissance du vrai et du faux, en assurant l’an dernier plus 50 formations pour plus de 700 agents opérationnels de la Douane, de la Gendarmerie et de la Police.

L’utilisation d’outils technologiques disponibles créés et pensés pour mieux protéger les produits, notamment à travers l’Unifab Lab qui regroupe aujourd’hui, une quinzaine de sociétés technologiques spécialisées dans la traçabilité, l’authentification et la sécurisation.

Malgré certaines mesures prises, il faut intensifier la veille pour stopper les faux produits, faire évoluer la législation nationale et européenne, et continuer d’informer les consommateurs, maillons finaux de la chaîne, à travers de nombreux réseaux. Pour que les efforts des entreprises qui investissent dans la recherche et le développement, l’innovation, la création et l’entreprenariat soient récompensés justement.

L’accroissement de la connaissance des consommateurs concernant les impacts négatifs de la contrefaçon doit demeurer une priorité absolue. Afin de remplir cette mission d’utilité publique, l’Unifab mène une campagne annuelle de sensibilisation entre les mois de juillet et septembre, en allant au contact direct des consommateurs sur les plages du sud de la France, notamment dans les villes de Cannes, Nice, Antibes, Juan les Pins, Cassis, Bandol, Aix-en-Provence, St Tropez, Pampelonne, Ramatuelle, Biarritz et St Jean de Luz.

« Soyons responsables, consommons authentiques – stop à la contrefaçon qui nuit à la planète ». Voici le slogan porté par les ambassadeurs, chargés de diffuser les messages préventifs, ainsi qu’à travers plusieurs centaines d’espaces publicitaires mis à disposition par JCDecaux. Cette opération est renforcée par un large relai médiatique, ainsi qu’un dispositif digital soutenu par des acteurs majeurs du monde numérique tels que Google, les réseaux sociaux Facebook et Instagram, et eBay qui assurent la démultiplication de l’information auprès des consommateurs en ligne à l’échelle nationale et même au-delà de nos frontières. L’implication des pouvoirs publics qui affichent cette campagne dans plus de 300 postes douaniers dans les aéroports et plus de 3 600 brigades de Gendarmerie en Métropole et Outre-Mer permets de toucher plusieurs millions de personnes chaque année.

L’union fait la force et faire équipe est une nécessité pour endiguer ce phénomène qui entache le savoir-faire et le patrimoine de notre pays au détriment de nos concitoyens. Il n’est plus à prouver que l’évolution aussi bénéfique soit-elle requière une adaptabilité permanente et des actions de plus en plus ciblées.

Delphine Sarfati-Sobreira – Directrice générale de l’UNIFAB