24 février 2022
Delphine Ernotte : Question intéressante mais je ne suis pas sûre qu’il y ait un manque à gagner direct. Si France Télévisions commande et édite une série, c’est à dire accompagne le développement de l’écriture du scénario, le tournage et le montage jusqu’à la diffusion, l’œuvre n’appartient pas à l’éditeur que nous sommes. Elle appartient au producteur à qui il est loisible de la vendre pour une exposition différente. La diffusion sur des plateformes n’est donc pas un manque à gagner mais au contraire un “plus à gagner” pour les producteurs qui vient d’une certaine manière conforter la création française.
D.E. : Nous sommes sur un marché de dupes. Quand je suis arrivée, nous diffusions tous nos contenus d’information sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube. Dans sa grande largesse, la plateforme nous octroyait une petite part totalement modeste et voire modique de la publicité qu’elle récupérait. Aujourd’hui on appelle “information” n’importe quel fait pas forcément vérifié. Le grand risque des réseaux sociaux est de proposer une opinion au même rang qu’un fait vérifié ou une vérité scientifique.
J-M.C. : L’information a un coût de production. Les équipes de reportage coûtent cher, tout comme le montage, le formatage, le fonctionnement d’une antenne. Qu’est ce que vous espérez des réseaux qui prennent vos produits d’information? Qu’est ce que vous pouvez en gagner ?
D.E. : Nous attendons une juste rétribution du travail du journaliste et de l’éditeur qui soutient et édite l’information. Je ne sais pas quel est le bon tarif ? Ça se discute, se négocie, s’apprécie pour être une juste rétribution des investissements conséquents faits dans le service public pour maintenir des rédactions de très bon niveau et donner du temps à des journalistes pour faire des enquêtes longues. Certaines enquêtes n’aboutissent pas.